Phænix |Tome 2: Le Brasier des Souvenirs – Carina Rozenfeld

Le Brasier des Souvenirs

Titre: Phænix, Tome 2: Le Brasier des Souvenirs

Auteur: Carina Rozenfeld

Date de Parution: 18 Avril 2013

Éditeur: Robert Laffont, Collection R, 432 pages

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Présentation de l’auteur:

Carina Rozenfeld est une auteure française née à Paris où elle y réside toujours. Après des études d’urbanisme et de géographie, elle s’est tournée vers l’édition pour finalement devenir journaliste dans la presse jeunesse. Mais depuis quelques années, l’auteure se consacre uniquement à l’écriture de ses romans dont certains ont été récompensés comme La Quête des livres-monde ou encore Les Clefs de Babel. D’autres ont été admirés pour leur univers musical, je cite Phænix et La Symphonie des Abysses.

Retrouvez son site www.carinarozenfeld.wordpress.com

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Quatrième de Couverture:

Elle a tout oublié, il se souvient de chaque instant.

Depuis la nuit des temps, ils se retrouvent pour former le Phænix. Cette fois, afin que l’oiseau mythique renaisse de ses cendres, les deux amants devront ranimer le feu sacré…

Au cours de sa première année de fac dans le Sud de la France, Anaïa a appris qu’elle était détentrice d’un secret profondément enfoui en elle. Deux garçons qu’elle a rencontrée, Eidan et Enry, attendent d’elle qu’elle se souvienne, et recouvre sa véritable identité.

Une série de rêves troublants la hante, un mystérieux visiteur lui laisse des messages la nuit à travers des paroles de chansons… Grâce à ces indices, elle pourra renouer le fil coupé de son existence et découvrir que l’amour est la seule étincelle capable d’allumer le brasier de ses souvenirs. Celui qui est son âme sœur est là, près d’elle, tout près d’elle…

Réchauffée par les flammes de leur passion, Anaïa devra encore affronter les démons de son passé. Leur fusion suffira-t-elle à réparer ce qui a été brisé et à écarter le péril qui les guette ?

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Description:

Le personnage principal: Anaïa.

Eidan parti après sa surprenante confession, Anaïa se retrouve avec encore plus de questions que de réponses et ne sait absolument pas quoi faire pour remédier à sa situation. Enfin si, elle le sait: elle doit se souvenir. Plus facile à dire qu’à faire, surtout qu’elle n’a pas la moindre idée de ce dont elle doit se souvenir ni de quelle façon elle doit s’y prendre… L’absence d’Eidan se fait déjà affreusement ressentir et elle sombre peu à peu dans le désespoir. Et comme si cela ne suffisait pas, sa relation avec Enry se fragilise et entre elle qui souffre le départ d’Eidan et Enry qui se montre de plus en plus étrange et insistant, les choses sont bien loin de s’arranger entre eux. Et tout cela sans compter les nouveaux rêves qui reviennent l’habiter et qui la rendent de plus en plus anxieuse…

Malgré tout, Anaïa ne reste pas les bras ballants et compte bien avoir le fin mot de l’histoire. Avant tout, elle doit retrouver Eidan car lui seul peut l’aider dans le brouillard de ses souvenirs et, en toute honnêteté, elle ne peut plus se passer de sa présence rassurante… un fait qu’elle a compris et accepté le jour de son départ. La tâche ne se révèle pas aisée mais elle ne se décourage pas, surtout qu’elle est quasiment certaine que celui-ci rôde dans les parages et qu’il la surveille…

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Extraits:

Extrait 1

« Aussitôt, il me prit dans ses bras, m’étreignis à m’étouffer. Ce faisant, il nous força à reculer et, au bout de quelques pas, je sentis mon dos toucher un mur. Enry se plaqua contre moi et remonta mon menton de son index.

– Je t’attends depuis si longtemps, Anaïa. Tu es celle que je cherchais, celle qui doit me compléter. Tu dois savoir cela, ça t’aiderait peut-être dans ta quête intérieure, comme tu dis si bien. Regarde.

Il saisit ma main gauche et désigna le symbole « æ » qui s’esquissait sur ma peau. Il comptait à présent quinze grains de beauté, depuis hier matin, depuis mon réveil plus que surprenant.

Tendrement, il entrelaça nos doigts et appuya sa paume contre la mienne. Puis il la pressa fort, contre le mur, tandis qu’il m’écrasait un peu plus, ses hanches contre les miennes. Son regard me happa avec une intensité presque douloureuse.

Soudain, le décor changea autour de moi. Il n’y avait plus de mur dans mon dos, mais le vide au bord d’une falaise. J’entendais la mer plus bas, et un parfum de laurier-rose me chatouilla les narines. Le temps d’un battement de cils et déjà l’impression fugace avait disparu. Enry m’embrassa doucement, voluptueusement, avec une lenteur étudiée. Je fermai les yeux, oubliant le mirage dont j’avais été victime.

Une petite boule de chaleur s’alluma dans mes entrailles, une flammèche, loin de ce que j’avais pu ressentir autrefois, mais son retour me rassura. Elle envahit mes veines, remonta dans ma poitrine, mon cou, le long du bras qui était relevé, maintenu ainsi par Enry, jusqu’au bout de mes doigts. Alors, la démangeaison revint, si violente que je poussai un cri de surprise et de douleur contre les lèvres d’Enry. Je voulus m’échapper de son étreinte, mais il ne me lâcha pas, resserrant au contraire sa prise contre moi, ma main, ma bouche.

Son baiser se fit plus profond, moins sensuel, plus brusque aussi. Ma peau parut devenir incandescente, lui transmettant cette brûlure, comme si une boule de feu nous entourait.

Quand il me relâcha, j’étais à bout de souffle et j’avais mal.

– Ça ne va pas, non ? m’écriai-je, furieuse contre lui.

Je tremblai, et mes genoux cédèrent. Lentement, je me laissai glisser contre le mur. Je regardai ma main et ne distinguai aucun changement dans son aspect. Aucun grain de beauté en plus à signaler, aucune rougeur, aucune blessure. Seulement ma main.

Enry s’accroupit face à moi et tendit la sienne, la brandissant devant mes yeux.

– Regarde, Anaïa, regarde !

Je regardai et eus un hoquet de surprise.

– Que… ?

Sur sa paume droite, celle avec laquelle j’avais été en contact, quinze grains de beauté apparaissaient, comme une réplique exacte de l’esquisse du « æ » qui se dessinait jour après jour sur ma peau. »


Extrait 2

« Il secoua la tête pour en chasser une pensée.

– Je croyais… Mais non. Oublie.

Je m’esclaffai doucement.

– C’est déjà fait, me semble-t-il.

Chaque fois que je pensais à tout ce que j’avais oublié, le chagrin menaçait de me saisir à nouveau.

Sa main serra un peu plus fortement la mienne, comme pour me donner du courage, et une onde de chaleur remonta dans mon bras, pour s’épanouir dans mon cou.

– Je serai là, alors. Mais… tu dois faire attention. Tu me le promets ?

– Faire attention à quoi ?

Il haussa ses épaules.

– Je ne sais pas exactement. Mais… reste prudente. Ne montre pas trop de familiarité à mon égard, sois comme avant, quoi !

Je rougis. Comme avant… Avant sa visite, avant que je me force à écouter mon inconscient qui m’invitait à emprunter un chemin qui m’effrayait dans la réalité. A dire vrai, je n’étais pas tellement plus rassurée maintenant, mais Eidan était celui qui m’avait aidée à sortir de ma prison chimérique, que pouvait-il faire d’autre ?

– Tu sais, continua-t-il, interrompant mon cheminement de pensée, pour moi, rien n’a changé, tout ce que je t’ai dit, quand je suis venu te voir…

– Oui, je sais… Et… (j’inspirai profondément), pour moi non plus. Ce que je t’ai répondu…

C’était la vérité. Même si Eidan m’attirait, même si j’avais éprouvé le besoin de le retrouver, même si j’avais envie qu’il m’embrasse, ce n’était toujours pas de l’amour. De la curiosité, du besoin, du désir, mais pas de l’amour. Pas encore.

Son rire léger résonna dans le silence de la forêt sur laquelle la nuit se posait lentement comme un rideau léger se refermant sur une scène. Progressivement, le décor se noyait dans l’obscurité.

– C’est normal. Je me doutais que tu ne sauterais pas dans mes bras d’un seul coup.

J’examinai son visage dans la lumière vespérale. Il était attentif, patient, empreint d’une tendresse que je ne lui connaissais pas auparavant. Je me dépêchai de lui répondre, avant de perdre mon courage.

– Non, je ne vais pas te sauter dessus, mais j’aimerais… essayer quelque chose.

– Quoi donc ?

– Que tu me prennes dans tes bras.

– Oh !

– S’il te plaît.

Un sourire étira ses lèvres. Ce sourire que je ne supportais pas avant, qui semblait se moquer de moi, qui donnait l’impression de retenir un secret. Pourtant, ce soir, il ne m’agaça pas autant. Mon sang se mit à circuler plus vite, il battait contre mes tempes, bourdonnait dans mes oreilles. Avec des gestes lents, Eidan passa ses bras autour de ma taille et me ramena contre lui. Une de ses mains remonta, traçant un sillon de frissons dans mon dos, se plaça sur ma tête qu’il attira sur sa poitrine.

– Comme ça ? murmura-t-il de sa voix rauque, qui résonna dans son corps, et dans le mien.

Je fermai les yeux.

Son cœur battait régulièrement, calmement, en un rythme rassurant, apaisant. Je connaissais ce cœur. Je l’avais connu toute ma vie et je l’avais attendu. La paume qu’il posa sur ma joue était chaude, douce, sécurisante. Je connaissais cette main. Elle aussi, je l’avais attendue, espérée.

Je n’avais donc pas imaginé ces sensations. C’était bien lui, Eidan. Le soulagement me cueillit; je n’étais pas folle et, malgré ces blocages qui m’éloignaient de lui, je l’avais retrouvé.

Une décharge électrique me traversa, alors que je me blottissais encore plus étroitement contre lui, osant passer mes bras autour de son torse pour l’empêcher de partir, de s’envoler.

– Tu es revenue, murmura-t-il à mon oreille.

Des larmes perlèrent à la lisère de mes paupières quand il prononça ces mots et, sans réfléchir, je lui demandai:

– Où ça ?

– Chez toi…

Une onde de plénitude m’envahit. Une certitude. Oui, j’étais revenue chez moi. Le monde se rétrécissait pour devenir une simple bulle dont nous étions le centre. Rien d’autre n’existait.

La soie étoilée de la nuit nous enveloppa longuement, alors que nous savourions nos retrouvailles, attentifs à la musique de nos cœurs… »


Extrait 3

« Je ne savais pas depuis combien de temps je dormais quand les aboiements de Rody me réveillèrent. Juliette, elle, était profondément perdue dans ses rêves, aussi, je me levai discrètement, enfilai mes chaussons et descendis silencieusement pour calmer la Bestiole.

– Que se passe-t-il ? demandai-je au chien qui avait collé sa truffe contre la baie vitrée.

Il se mit à grogner et l’inquiétude me gagna. Que lui arrivait-il ? Il ne se comportait jamais ainsi. Même quand Eidan s’était introduit dans la maison en pleine nuit, il n’avait pas donné l’alerte. Et évidemment, ce genre d’incident arrivait quand mes parents étaient absents, sinon ce n’était pas drôle. Je fis coulisser la vitre sur quelques centimètres et glissai ma tête à l’extérieur. Il pleuvait toujours des cordes et le bruit de l’averse masquait tous les autres. Il faisait nuit noire également, mais Rody profita de l’ouverture pour se précipiter à l’extérieur en aboyant encore plus fort. Il disparut, englouti par les ténèbres.

– Oh non, la galère…, murmurai-je.

Pour m’éclairer dans la chambre, afin d’éviter de piétiner Juliette, j’avais pris mon téléphone avec moi. Je le réactivai et utilisai la lumière de son écran comme lampe de poche. Avant de sortir, je posai un plaid épais sur ma tête et mes épaules et je me ruai ainsi, en chaussons et pyjama, à la poursuite de mon chien.

Quand je le retrouvai, j’étais déjà trempée jusqu’aux os. Pourtant, ce ne fut pas l’eau qui ruisselait sur ma tête et plaquait le tissu imbibé contre ma chair qui me glaça.

Enry. Il était là, posé dans le jardin. Oiseau gigantesque et menaçant dans le chaos environnant. Sa silhouette sèche et osseuse se découpait faiblement dans la nuit, la pluie dégoulinait sur la peau tendue de ses ailes à moitié ouvertes. Dans la tourmente, son long bec effilé et sa forme de créature préhistorique accentuaient son aspect effrayant. Mais ce soir, je n’avais pas peur de lui. J’étais plutôt agacée par sa présence, par son intrusion chez moi, à une heure aussi indue. Rody, quant à lui, continuait à s’époumoner comme un fou, collé au sol, les oreilles couchées en arrière, prêt à bondir sur l’ennemi.

– Enry ! hurlai-je.

J’avais l’impression que ma voix était absorbée par le vacarme de la tempête, pourtant, la créature de cauchemar se tourna vers moi. Elle écarta un peu plus ses ailes immenses et, en poussant un cri qui dressa tous mes poils, s’envola au-dessus de la pinède.

Depuis combien de temps était-il dans les parages, à m’espionner, à nous espionner ? Depuis son appel ? Ou était-il venu ici seulement pour vérifier que la fête était terminée ? Que cherchait-il exactement ?

Il avait à peine disparu, avalé par la nuit et la pluie battante, qu’une autre ombre se découpa faiblement au-dessus de moi. Cella d’un aigle démesuré, qui glatit avec force. Eidan. Aussitôt, je sus ce qui allait se passer et, sans réfléchir, je me précipitai en avant, dans la pinède. »

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Mon Avis:

Second et dernier tome de PhænixLe Brasier des Souvenirs est aussi captivant que le livre précédent. Si Les Cendres de l’Oubli nous maintenait dans l’ignorance et faisait durer le mystère, ici, c’est l’heure des révélations dont certaines sont assez stupéfiantes et même inattendues… Mais je n’en dirai pas plus ;) !

La plume de l’auteure n’a pas changée. Elle est toujours aussi fluide et même poétique, je dirai. Je suis tout particulièrement épatée par l’imagination de l’auteure. L’histoire est très originale, unique, avec des idées des plus fascinantes, comme notamment l’utilisation de la légende du phénix ou encore l’excellente idée du a et e liés « æ ». Moi qui me demandait pourquoi le titre de la série était Phænix et non pas Phénix… je ne suis plus surprise maintenant ! Personnellement, une telle idée ne me serait pas venue à l’esprit ;)

Une autre chose qui m’a totalement ravie et séduite (et que j’ai déjà mentionné dans mon commentaire du tome précédent), c’est, bien sûr, la musique. J’ai déjà fait remarquer que la musique prend une part importante dans l’histoire, mais cela est encore plus flagrant ici. Les titres choisis sont fantastiques, en parfait accord avec la situation donnée, et lorsque j’y repense, une citation de Richard Wagner me vient à l’esprit: « La musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots ». La musique peut faire passer quantité d’émotions et de messages et on en a la confirmation dans cette série, Phænix. L’auteure a vraiment fait un excellent travail de ce côté-là.

J’ai passé un très bon moment avec Anaïa et Eidan. Ce sont des personnages qui m’ont vraiment plu et la tendresse d’Eidan à l’égard d’Anaïa me touche toujours autant, même après avoir fini le livre. Leur histoire est surprenante, profonde, en dehors du temps, et l’intensité de leur relation se fait sentir dans chaque parole, chaque geste qu’ils se partagent. C’est très touchant.

C’est donc une fin à la hauteur de mes attentes, même si elle m’attriste quelque peu… Et par l’expérience que j’ai vécue avec Phaenix, je peux assurer que ce n’est sûrement pas le dernier livre de Carina Rozenfeld que je lirai. Elle m’a littéralement charmée, et découvrir une autre de ses lectures ne serait pas pour me déplaire ! J’espère sincèrement qu’elle vous a éblouie tout autant que moi ^^.

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Phænix, Tome 2: Le Brasier des Souvenirs – Carina Rozenfeld


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